Historique

Une histoire

L’odontologie hospitalo-universitaire est une discipline encore « jeune » née des modifications profondes de l’Université suite aux évènements de 1968. La mise en place de structures de recherche et le recrutement d’individus passionnés s’est donc fait dans le temps d’abord par une formation spécifique des candidats (il faut une bonne dizaine d’années) dans des laboratoires des facultés de sciences ou de médecine (pour certains à l’étranger). Ensuite des équipes de recherche odontologique sont apparues, couvrant majoritairement le champ thématique des biomatériaux et de la biologie du développement dentaire. La difficulté majeure rencontrée par les pionniers a été la reconnaissance de leur crédibilité scientifique par l’ensemble de la communauté scientifique et médicale. De cela bien sûr découle l’obtention de financement récurrent et le label indispensable (Inserm, CNRS, Université) pour perdurer. On mesure donc la volonté considérable mue par une passion sans faille qui a été mise en œuvre sur un temps relativement court pour donner à l’odontologie son label académique. Ainsi, depuis 2000, plus d’une dizaine d’équipes sont reconnues et labellisées par l’Inserm ou le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, ce dont on peut se réjouir pour une discipline considérée à tort comme « mineure ».

Cette vision étriquée de la « bouche en dehors du reste du corps humain » est obsolète : il est clairement établi que la santé bucco-dentaire est étroitement liée à la santé en général.
La bouche est le premier organe de l’appareil digestif. N’importe quel exploit chirurgical, n’importe quelle prouesse technologique n’aura de sens pour le malade que s’il peut jouir de son intégrité masticatoire et ainsi s’alimenter correctement.

Malgré les progrès significatifs obtenus au niveau de la qualité des soins dentaires avec les bénéfices économiques qui en découlent, beaucoup reste à faire pour comprendre les mécanismes impliqués dans les pathologies de la cavité buccale qu’elles concernent la dent, la gencive, l’os, les glandes salivaires…

Les recherches sont indispensables pour améliorer les thérapeutiques préventives et curatives.

C’est dans cette logique que l’Institut Français pour la Recherche Odontologique (IFRO) a été créé en 2000 avec le soutien de l’ADF et d’industriels pleinement impliqués (Pierre Fabre, Lever-Fabergé et Gaba) ou associés (Colgate, 3M santé, GC, Sanofi).

L’ADF qui regroupe l’ensemble des sociétés savantes de la profession mérite une mention spéciale car elle est à l’origine de la création de l’IFRO non seulement en élaborant les statuts mais en plus en décidant de reverser une partie des revenus du congrès annuel de l’association. L’aide à la recherche se traduit ainsi par l’affectation de bourses à de jeunes doctorants (véritable tremplin pour de jeunes chercheurs prometteurs) ou bien sous forme de financement à des projets de qualité, choisis après avis d’experts reconnus. L’analyse de l’impact de l’IFRO sur le développement de la recherche odontologique après vingt ans de soutien montre en toute objectivité un rôle décisif avec plus d’un million d’euros distribués, soit plus de 100 projets ou bourses affectées.

En particulier, le soutien apporté par l’IFRO aux équipes odontologiques concernées a contribué significativement, ces dernières années, au passage périlleux du regroupement en pôle d’excellence de la recherche française. S’ajoute à cette difficulté une perte d’identité par la restructuration de l’INSERM et du CNRS en instituts thématiques et non plus en champs disciplinaires (l’odontologie n’existe donc plus en tant que tel). Ainsi, bon nombre des laboratoires odontologiques « stricto sensu » sont maintenant des équipes à l’intérieur de grands centres ou instituts de recherche pluridisciplinaire.

Les projets retenus au cours de ces vingt dernières années reflètent par leur contenu les axes majeurs de la recherche odontologique française labellisée. Ainsi domine très fortement le secteur biologique avec 75% des dossiers retenus contre seulement 15% en biomatériaux et 10% en recherche clinique.

Ces chiffres reflètent clairement deux choses :

 

– Le dynamisme de la recherche en biologie lié l’explosion de la biologie moléculaire et surtout la formation des chercheurs rompus à ces méthodes sophistiquées. Le secteur des biomatériaux reste quant à lui très en pointe, assis sur plusieurs unités INSERM.

– Les difficultés de financement public ou industriel des projets biologiques, ce qui objective encore plus le rôle indispensable de l’IFRO

L’évolution de la discipline est étroitement liée à la qualité de sa recherche et à la qualité de formation de ses acteurs, deux points sur lesquels l’IFRO est présent.

Un fonctionnement

L’IFRO est une association de loi 1901 dont les ressources proviennent de dons, de subventions, de contributions de l’industrie et de l’Association Dentaire Française.
Afin de garantir l’indépendance nécessaire à la sérénité de ses décisions, l’IFRO s’est doté d’un Conseil d’Administration autonome et représentatif. Nommé pour 4 ans, il est composé de deux représentants du Comité directeur de l’ADF, un représentant du monde hospitalo-universitaire, un représentant du monde industriel, une personnalité qualifiée par ses travaux dans le domaine de la recherche odontologique et le président du Conseil scientifique, actuellement Marjolaine Gosset, professeur des Universités-Praticien Hospitalier à Paris cité. Le Conseil scientifique se compose de 12 membres nommés pour 4 ans par le Conseil d’administration en fonction de la qualité scientifique de leurs travaux. Il a pour mission d’examiner les demandes de subventions et de bourses adressées à l’Institut et de les transmettre au Conseil d’administration pour décision. Le Président actuel de l’IFRO est Jacques-Olivier Pers, professeur des Universités à Brest.

Sans mécénat industriel, l’IFRO ne survit pas et grâce soit rendue aujourd’hui aux « gold sponsors » comme Pierre Fabre Oral Care et Colgate.

Chaque année, l’IFRO ouvre son appel à projet. Le comité scientifique, après expertises internationales, émet un avis qui est remis au Conseil d’administration. Chaque année ce sont environ 20 dossiers pour 3 ou 4 lauréats.
Les lauréats s’engagent à présenter les résultats de leurs travaux lors d’une séance scientifique du congrès annuel de l’ADF, ouverte à tous et spécialement dévolue à l’IFRO et à remercier l’IFRO dans leurs publications.